voir par-delà le cadre

à propos de la contribution

Le 1^er décembre 2018, en marge d’une manifestation des Gilets jaunes à Marseille, Zineb Redouane, âgée de 80 ans, est touchée au visage par un tir de grenade lacrymogène alors qu’elle se tient à la fenêtre de son appartement, situé au 4^e étage. Elle décède le lendemain à l’hôpital.

En partenariat avec le média d’investigation français Disclose, le laboratoire de recherche Forensic Architecture, établi à Londres, a conduit une contre-enquête sur les circonstances de sa mort. Le rapport qui en résulte, publié en format vidéo en décembre 2020, démontre la responsabilité de la police française dans cet homicide.

Dans la publication proposée ici, le chercheur chargé du dossier pour Forensic Architecture et le journaliste et réalisateur indépendant ayant corédigé le rapport d’enquête utilisent ce dernier comme étude de cas pour commenter l’usage, dans les enquêtes citoyennes, de la méthodologie d’analyse spatiale à partir de l’image.

En revisitant ce cas, la publication met en exergue les questions de méthodes et de techniques d’analyse visuelle afin d’interroger les apports, ainsi que les limites, de l’usage de ce type d’outils dans le cadre particulier d’une enquête citoyenne : à savoir, une recherche où l’accès aux données est limité par les structures de pouvoir qui les sous-tendent, où l’objectif de voir par-delà le(s) cadre(s) établi(s) – qu’il s’agisse d’images ou de discours – constitue le premier enjeu de l’enquête.

Cette publication, qui décrypte l’argument présenté dans la contre-enquête menée sur l’homicide de Zineb Redouane, utilise le format video.able pour déployer une explicitation visuelle à plusieurs niveaux des techniques mises au point par Forensic Architecture dans le cadre de ses rapports d’enquête. Ce faisant, l’objectif de cette publication est d’encourager le développement et l’adoption à grande échelle de techniques visuelles en accès ouvert pour la réalisation d’enquêtes citoyennes.