la trajectoire singulière d’une feuille de maïs

à propos de la contribution

« La trajectoire singulière d’une feuille de maïs » est un film réalisé à partir d’une enquête de Francesca Cozzolino sur la réalisation d’objets de design issus de la cultivation de maïs dans l’État de Puebla, au Mexique.

Le film permet à la chercheuse de présenter son terrain et les données produites dans le cadre de cette enquête ethnographique qui prend la forme d’une narration visuelle associant un contexte local (la disparition du maïs natif de la région semi-aride de Mixteca au Mexique) à un événement de l’histoire contemporaine globale (les accords de libre-échange ALENA).

Par le biais d’une voix off – la voix des épis de maïs natif  – l’anthropologue  raconte comment le designer mexicain, Fernando Laposse en recherche d’une approche durable et locale du design ainsi que d’un moyen pour soutenir une communauté paysanne en difficulté, réussit à convaincre un groupe de familles du petit village de Tonahuixtla de l’état de Puebla à travailler la terre en suivant des principes proches de la permaculture (milpa) et à ensuite prendre en charge la transformation des feuilles de maïs cultivées en suivant des procédés semi mécaniques, de façon à obtenir un matériau de revêtement élégant : le Totomoxtle.

La voix off, soutenue par le montage et des procédés d’animation 2D, s’appuie donc sur les documents photographiques, vidéo et sonores de la chercheuse, ainsi que sur la création d’images animées pour donner à comprendre la démarche du designer et les questions scientifiques que ce cas pose à une plus large échelle.

Construit à trois voix, ce film associe une anthropologue, une réalisatrice de films documentaire spécialisée dans la documentation des activités professionnelles collectives dans les sciences, Coralie Maurin, et d’une designer graphique, Juliette Nier, qui travaille notamment avec les outils de l’animation 2D autour et des phénomènes en confrontation avec des réalités difficiles à appréhender, parfois incongrues ou complexes à expliquer.

Le film explore les codes de la fiction, du documentaire et de l’animation pour dévoiler au spectateur un projet se situant aux limites de la tradition inventée et de l’innovation technique. Dans une perspective plus large, le cas de Totomoxtle conduit à penser la question de la conception et de la transmission d’une technique, dans un contexte où s’entrechoquent les subtiles hybridations culturelles, économiques, politiques et écologiques, qui caractérisent nos mondes contemporains.